C’est une bien drôle de sensation, celle de se toucher la main. C’est un acte banal en soi, personne ne prend le temps de s’assoir bien confortablement et d’un seul doigt, entrer en contact avec sa main pour analyser l’influx nerveux qui s’en va directement à notre cerveau et qui nous dicte la sensation. Cependant, lorsque l’on est une machine créée pour tuer, ce simple geste banal fait de nous un être confus. C’est comme une idée qui germe dans notre esprit et qui garde notre attention peu importe ce qui se passe autour. Le reste de nos activités deviennent futiles, plus rien n’importe que cette idée, grandissante et florissante dans notre esprit.

Bien peu de gens se souviennent de leur passé. Dans l’actuelle époque, les humains sont beaucoup trop concentrés sur leur nouvelle voiture volante ou sur leur Flubber qui les suit partout. Je n’ai ni un ni l’autre. C’est beaucoup trop facile de se faire repérer lorsque tu es recherché. Pourquoi suis-je recherché déjà? Ma tête vaut probablement plus que celle de tous les autres. Ce n’est pas pour me glorifier que je dis cela, au contraire. Je connais l’efficacité de cette organisation « phantom » qui s’occupe de supprimer les cyborgs « défectueux », j’en ai déjà fait partie. Ils n’arrêteront pas avant de m’avoir trouvé. Pour ceux qui croient avoir un laissé passer gratuit pour la liberté et bien détrompez-vous. C’est un aller sans le retour pour la ferraille. Tous me connaissent sous le surnom du traitre, mais avant cela j’étais le Major Jack L. Colt. Il y a plusieurs chemins qui vous mènent dans cette organisation, mais je vais simplement me contenter de vous parler du mien. Jack ou bien Cyborg 8265 fut spécialement conçu pour les phantom en décembre 3037. Nous étions douze au total, douze cyborgs guerriers dotés d’habilités particulières pour le combat. Je ne me plains pas d’avoir été conçu avec ces habiletés, car j’aurais plus d’une fois passé un mauvais quart d’heure. L’avantage d’avoir fait partie des leurs, c’est que je connais leur façon de faire. Je suis un fugitif depuis plusieurs mois déjà, quatre pour être plus précis. Au départ, je manquais à l’appel une fois ou deux par semaine, mais plus le temps passe moins je supporte les atrocités faites par le groupe. Je semble être le seul de ma fabrication à être ainsi. Est-ce que je suis vraiment défectueux ? Je n’étais qu’une machine à tuer, pure et simple. Je ne ressentais pas les émotions et la douleur était pour moi une légende. Je voyais bien que ça existait, mais jamais je n’avais ressenti ça. Je me contentais de regarder les autres souffrir sans rien comprendre et de me dire que ça s’appelait ; douleur.

Les phantom surveillent ma maison dans le quartier aisé d’Arda city. Des cyborgs et des humains que j’avais moi-même formés pour tuer. C’est une drôle de sensation que de se retrouver piégé dans son propre piège. Sensation … un mot que j’expérimente tranquillement. Plus les jours passent et plus je ressens l’humanité. Ce « défaut » qui va certainement avoir ma peau. Je n’ai absolument aucun doute là-dessus, mais la question est de savoir quand? Je passe régulièrement près de chez moi, prépare des petits pièges ici et là pour les amuser un peu. Alors que j’étais le plus travaillant et dévoué des phantom je passe maintenant une bonne partie de mon temps à les faire tourner en bourrique. Je sais que je ne suis pas le seul à le faire, mais je ne connais personne d’autre. Je n’ai pas d’allié pour le moment et encore moins d’amis. Je n’ai pas été conçu pour me faire des amis il va de soi.

Pour changer de sujet un peu, même si je sais que les phantom croient que le monde ne tourne que pour eux …. Je vis chaque jour d’une façon différente. Marcher dans un parc est maintenant pour moi un événement des plus terrifiants. Je touche à tout, je vois les éléments de la manière de quelqu’un qui apprend à vivre …mécaniquement.

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