«
Maman !»
En me réveillant, je vois ma mère assise sur le rocking-chair de ma chambre. Sans que je ne comprenne pourquoi, elle se jette sur moi et me prend dans ses bras. L'odeur de son parfum fruité envahit mon esprit et dégage quelque-chose d'apaisant.
«
Ma chérie... ! »
En la regardant, je vois les traces que les pleures laissent et trahissent ceux qui essayent de cacher leur tristesse. Même si ma mère a toujours été quelqu'un de sensible, ce n'était pas son genre de pleurer de bons matins.
Nous descendons toutes les deux pour prendre comme à notre habitude, le petit-déjeuner en famille. En arrivant dans cette majestueuse pièce, je vois toute la famille est réuni. Mais quand je dis toute la famille, je parle des tantes, oncles, cousines et j'en passe.
Ca c'est du petit déjeuner !En nous entendant arriver, les bavardages mouvementés et les bruits de couverts s'arrêtent. Je me sens comme...dévisagée ! Un silence inonde la salle pendant une période qui me paraît durer une éternité.
Certains me regardent comme si je venais d'une autre planète alors que d'autres cachent leurs lèvres avec leurs mains tout en essuyant leurs larmes.
Je sens un regard bien plus pesant qui me dévisage.
«
Papa ? »
Au moment où il se lève, d'autres personnes le suivent. Il me prend dans ses bras pendant que d'autres me caresse les cheveux ou le dos en me souriant.
C'est quoi ce délire ?Malgré que je sois heureuse de voir toute ma famille je ne comprends pas vraiment ce qui se passe. En voyant mon air interrogateur, mon père répond à ma question sans la connaître. «
Tu as été très malade Karen chérie ! Tu en as aucun souvenir, tu as dormi pendant très longtemps ! »
Moi gravement malade ? Mais de quoi ? C'est une première !«
Tu dois avoir des tas de questions, mais maintenant c'est l'heure des retrouvailles »
Mon père avait toujours eu le don de lire dans mes pensées, comme si j'étais pour lui un livre ouvert.
En voyant l'attitude de ma famille je ne pouvais que croire mon père. Et pourquoi me mentir sur une chose aussi grave ?
A table, le repas se passe dans la joie et la bonne humeur, mais je sens encore des regards me fixer avec une certaine amertume. Mais ceux qui me rendait vraiment mal à l'aise, c'était Miss Adroye. J'avais l'impression que ses yeux me transperçaient davantage à chaque fois que son regard croisait le mien.
Déjà que je ne l'appréciais pas spécialement celle-la, ça va pas s'arranger ! Elle aurait préféré quoi ? Que je crève ?
Je sentais que quelque-chose était...différent. Vous savez ce genre de sentiment qui vous envahit dont vous ignorez l'origine.
«
Ma chérie, pourrait tu nous chanter quelque chose ? »
C'est avec la plus grande joie et mon plus beau sourire que je m'exécute.Enfin assise au piano, je décide d'interpréter la musique préférée plus que rétro de ma mère : These Foolish Things ♫.
Je joue dans un silence presque religieux. La seule chose qui brise cette atmosphère sont les pleurs de ma mère. Du coin des yeux, je vois son visage s’illuminer avec un sourire. J’essaye de ne pas m’arrêter en évitant de la regarder. J’aime chanter, cela me repose et pour la première fois de la matinée, je me sens apaisée. Je sens que quelque-chose m’échappe, mais tout ce qui compte pour moi, c’est de rendre mes parents heureux.
Une nouvelle vie… «
Des nouvelles de Setsuna et des autres ? »
«
Non Lady K! »
Je ne peux m'empêcher de grimacer et de foutre mon poing dans le mur.
Mais qu'est-ce que tu fous Setsu bordel !Des regards perplexes se fixent dans ma direction. Je leur rends un regard du genre : ''quoi il y a un problème ?''
Ca fait deux ans aujourd'hui que je suis stratège au sein de ce vaisseau humanoïde sorti de son crâne je ne sais encore comment. Il est brillant, je le sais même si parfois cela me dépasse ! Ma vie a totalement changée et moi avec. La révélation comme quoi j'étais un répliquant, la fuite de ma famille après m'être fait piégée par des servants aux intentions plus qu'obscures ont changé totalement ma vie. Maintenant je vis sous une couverture de chanteuse, alors qu'en réalité j'aide les rebelles à mener au point des plans dans cette Vendetta. Tout cela je le dois à un seul homme...cet espèce de demeuré qui a décidé de ne plus donner de nouvelles alors que j'avais bien exigé qu'il m'en donne toutes les heures !
Tu vas me le payer !Tout d'un coup, je sens la peur m'envahir. Et s'il lui était arrivé quelque chose ?
Non t'as pas le droit de me faire ça !J'aime mon métier, mais je hais l'idée qu'un jour, l'un de mes plans pourraient échouer et mettre en danger sa fichue vie, que je méprise autant que je la chérie...Pour vous dire l'intensité du truc et dans quel pétrin je me trouve !
Il a le don de me rendre dingue, de me faire sortir les griffes, les yeux des orbites, de me dresser les cheveux sur la tête, les poings voir plus si agressivité. C'est un comble de penser qu'il me croit si indépendante...Alors que ma seule source de dépendance se trouve être lui.
Je l'aime, oui c'est de l'amour du vrai du pur, du dur aussi ardent que platonique. Mais il serait trop égoïste de ma part de lui demander de partager la vie d'une femme...d'un robot dont l'espérance de vie ne dépasse pas cinq ans. C'est pour cela que j'ai décidé de me taire, même si parfois j'aimerais qu'il brise cette barrière, cette muraille invisible qui nous sépare.
Bordel, je commencerai presque à être romantique !Je relis le plan point par point sans trouver aucune faille. Je marche en faisant des allés retours dans la salle de contrôle pour trouver une solution à un problème dont j’ignore l’existence.
Je sens que les regards sont de nouveaux rivés sur moi, mais pas pour les mêmes raisons. Ils pensent que j'ai échoué à ma mission, créer un plan d'attaque en évitant les pertes humaines et je compte mon espèce en disant cela ! J'ai peur de perdre leur confiance que j'ai eu tant de mal à acquérir. Je décide de me calmer et montrer l'exemple en étant la plus confiante possible, même si je boue de l'intérieur.
«
LES VOILA ! »
Je me retourne d'un seul mouvement et je les vois, je le vois. Nos regards se croisent dès qu'il rentre dans le vaisseau. Il me sourit avec une innocence plus que grotesque. Je cours vers lui. En m'approchant de lui, il se rend compte que je n'affiche pas la même joie.
«
TU TROUVES CA DROLE DE NE PAS SUIVRE LES REGLES ESPECE D'IDIOT !? TES INVENTIONS ELLE TE SERVE A QUOI, TU M'EXPLIQUES !? C'EST PAR CE QUE MONSIEUR EST LE CAPITAINE QUI L'A TOUS LES DROITS !! »
Je le frappe comme je peux, en évitant ses bras aux réflexes devenus presque mécaniques par habitude d'échapper à mes coups. Il finit par m'immobiliser et me regarde droit dans les yeux sans un mot avant de m'enrouler ses bras autour de la taille et me serrer contre lui.
J'ai perdu...espèce de lâche c'est trop facile !Je n'arrive pas à résister à son souffle sur mon oreille et son odeur me fait oublier toute ma colère. Je rends les armes. Il y a qu'une seule chose qui compte, c'est qu'il soit là, en vie et avec moi.
« Setsuna... »